Arrivés au mois d’octobre, il est de plus en plus difficile de trouver des fleurs sur les bords de nos routes.
Ce mois d’octobre, c’est le fusain que vous allez découvrir.
Le Fusain ou Fusain d’Europe est un arbuste commun en France, pouvant mesurer de 3 à 8 mètres, avec ses tiges dressées, ramifiées, vert mat, presque quadrangulaires aux feuilles opposées et finement dentées et aux petites fleurs vert-jaunâtre.
C’est à l’automne que le fusain attire les regards car son feuillage se colore partiellement en rouge, parfois vif, ce qui en fait une plante très appréciée dans les haies pour son aspect décoratif, et par ses nombreux fruits roses qui s’ouvrent en laissant voir 4 grosses graines orangées. C’est d’ailleurs à ses fruits modelés par 4 bosses, que le fusain doit son nom populaire de « bonnet d’évêque », de « bonnet de prêtre » ou encore de « bonnet carré »
Toutes les parties de la plante sont toxiques, et sa toxicité est connue depuis longtemps chez l’Homme par les fruits et chez les herbivores par les feuilles. D’après les données anciennes (non testées par l’auteur) les symptômes de l’intoxication font état de spasmes intestinaux, de forte diarrhée, de fièvre, de troubles circulatoires et, à forte dose, de syncopes pouvant entraîner la mort.
Dans la famille du fusain, on trouve le khat qui est un arbrisseau à feuilles rappelant un peu le chêne vert. Il est cultivé au Yémen et en Afrique orientale. La mastication de la feuille fraîche est rituelle chez certaines ethnies et elle entraîne une certaine exaltation suspendant le sommeil, ôtant la sensation de fatigue. Cet effet stimulant du système nerveux central du à des « amphétamines naturelles ». Après des effets d’euphorie, le sujet peut ressentir peu à peu des troubles de la personnalité. La consommation du khat est tolérée au Yémen et en Ethiopie, mais elle est interdite ailleurs, même pour préparer ou réaliser un brevet longue distance, un PBP ou un BCMF !
En raison de sa toxicité naturelle, le fusain résiste à la plupart des phytophages (organisme vivant qui se nourrit de végétaux). Il peut néanmoins être attaqué par des chenilles de petits papillons (l’yponomeute). Les attaques ne sont pas graves pour l’arbre mais restent spectaculaires en raison d’une forte, voire totale défoliation et de l’« entoilement » de l’arbuste par les soies filées par les chenilles. Le phénomène ne dure que quelques semaines, avant que les feuilles du fusain ne repoussent quelques semaines après.

Le bois, jaune clair, homogène à grain fin, rappelant celui du buis, a été utilisé jadis pour fabriquer de nombreux objets domestiques en particulier des fuseaux, petits instruments pointus aux deux extrémités et renflés au milieu, que les femmes utilisaient pour tordre et enrouler le fil lorsqu’elles filaient la quenouille. Le fusain en a tiré son nom. Il sert toujours en horlogerie pour nettoyer les rouages en laiton et rubis sans les griffer.
Les capsules de cet arbuste réduites en poudre étaient autrefois utilisées sur les cheveux (la décoction des fruits servait à les blondir) et pour essayer de débarrasser les vêtements des poux. L’enveloppe des graines donnait une teinture rouge.
Qui dit fusain aujourd’hui ne pense pas à l’arbuste mais aux bâtonnets noirs très appréciés des dessinateurs, ils ne tachent pas les doigts ! Il doit sa douceur à la finesse du bois que l’on carbonise en vase clos. Signalons cependant que le bois le plus utilisé aujourd’hui est le saule, qui permet une plus grande variété de diamètres. Beaucoup d’artistes ont utilisé le fusain (Vinci, Dürer, Degas, Redon , Seurat …).
Comment fabriquer son fusain pour vous découvrir un talent de dessinateur :
Couper des branches d’arbre à la taille de la hauteur d’une boîte de conserve.
Les éplucher comme une pomme pour voir apparaître la chair blanche boisée.
Mettre les bouts de bois pelés à l’intérieur de la boîte.
Recouvrir entièrement le dessus de la boîte de conserve par une feuille d’aluminium ménager et la percer en son centre par la pointe d’un couteau pour laisser échapper les futurs gaz fabriqués par la combustion.
Mettre la boîte à feu doux sur la gazinière ou bien la déposer sur les braises d’un feu de cheminée.
Laisser carboniser les branches de fusain.
Le signal pour arrêter le feu sous la boîte est d’allumer un briquet au-dessus du petit trou d’aération. Si une flamme arrive c’est que la combustion est faite, alors vous pouvez retirer la boîte de conserve. Sinon c’est qu’il faut attendre encore un peu.
Tremper le fond de la boîte dans de l’eau pour refroidir et sortir les fusains rapidement.
Alors maintenant à vos fusains !